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vendredi 10 avril 2015

Guerlédan

De Kériven (Caurel) à Trégnanton (Saint Gelven), petit retour dans le temps avec l'assèchement du lac de Guerlédan (entre Côtes d'Armor et Morbihan).

Le retrait des eaux du lac de Guerlédan laisse voir des vestiges qui réactivent la mémoire des riverains  et une véritable remontée du temps s'opère alors avec le rappel d'événements parfois heureux mais aussi souvent tragiques comme des accidents mortels (dans les nombreuses carrières englouties ou dans le canal lui-même). La photo prise à proximité de Trégnanton début avril 2015, montre une porte d'écluse sur l'ancien canal de Nantes à Brest et sur laquelle on aperçoit encore le reste de passerelle à pied et l'intérieur de l'écluse chargée de sédiments et bois divers. On observe aussi malheureusement des quantités de déchets imputrescibles (verre, plastics) qui témoignent de l'indifférence des gens vis à vis de la nature et de l'environnement.
Sur cette deuxième vue prise au même endroit, on aperçoit bien la maçonnerie particulièrement soignée de l'écluse. Ces maçonneries ont été réalisées par des ouvriers creusois avec du granite bien breton. Les bâtisseurs du canal de Nantes à Brest n'ont pas , en effet, utilisé uniquement des bagnards pour le percement du canal. Il y avait aussi des volontaires locaux, parfois débauchés d'activités locales importantes comme sur le tronçon Gouarec- Saint Aignan où l'extraction de minerai de fer à destination des Forges des Salles en Quénécan subira cette pression sur la main d'oeuvre. "L'élite" si l'on peut dire  était donc constituée par les maçons des écluses (ceux qui ont également construit le Paris Haussmannien).
Devant Kériven apparaissent les maisons et les endroits comme cette ferme avec son alignement de pommiers près du canal ainsi que les endroits dont certains sont attachés à des drames comme ce meurtre d'un contremaître ardoisier de St Gelven, Joseph Lannezval par trois ardoisiers de Caurel. Ces trois ouvriers sont jugés en 1889 et deux d'entre eux, reconnus coupables (les raisons de ce meurtre restent assez confuses et seraient liées à un conflit à propos d'ardoises (au "chantier des Gaulois" selon la tradition orale) sont condamnés à 15 ans de bagne. Nommés Misère et Fioche, seul ce dernier reviendra au pays en 1904 et montrera encore bien des années plus tard les traces de ses fers aux habitants du pays, tous convaincus de son innocence. Ces souvenirs de l'époque du canal et des ardoisières (qui fonctionnent du XVIIe au début du XXe siècle) ont été transmis par les anciens du pays comme Yves Marie Galiot, ardoisier bien connu de Caurel.
Sources:"Les Forges des Salles" par André Le Coroller; synthèse des archives privées des Forges des Salles. Marie Noelle Le Mapihan, petite fille de l'ardoisier Yves Marie Galiot, chanteuse et "mémoire" de Caurel.

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